Burn-out : les 6 étapes clés pour renaître et se relever

Chapitre 6 : Comment s'en sortir individuellement ?

Dans l'article précédent , nous avons parlé du rôle du manager dans la prévention du burn-out.
Mais une question reste souvent en suspens : et si c’est vous qui êtes touché, comment faire ?

Comment s’en sortir individuellement, si vous êtes vous-même concerné par le burn-out ?

Le burn-out n’est pas seulement une crise d’énergie. C’est une crise de valeurs et d’identité.
On ne “reprend” pas comme avant. C’est souvent un tournant, une transformation.

Des montrent que le chemin de reconstruction se vit 6 étapes selon un processus qui dure plusieurs mois. Donc la bonne nouvelle est que des solutions existent.

Et vous, avez-vous déjà traversé ou accompagné un tel moment ? Qu’est-ce qui a aidé, concrètement ?

Une crise profonde mais aussi une occasion de transformation

 On sait que le burnout, à un stade avancé se traduit par un état physique et psychique incompatible avec le travail.

Le burnout n’est pas seulement une crise d’épuisement : c’est aussi une opportunité de tournant de vie. Il oblige à se redéfinir, à remettre en question certaines valeurs et à redonner une place centrale à sa santé, à ses proches et à son équilibre personnel.

Vous êtes vous déjà demandé :

• Comment sortir de cette crise ?
• Comment s’opère le passage d’un arrêt de travail de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, à une réinsertion satisfaisante ?
• Comment passer d’une aversion momentanée pour son poste de travail à la satisfaction professionnelle retrouvée ?
• Combien de temps pour s’en sortir ?
• Quels sont les moyens pour s’en remettre ?

Les étapes pour sortir du burnout

Je m’inspire ici des travaux de Diane Bernier , pionnière sur le sujet du burnout. Elle a vécu un burnout dans sa chair et a mis son expérience au service de l’accompagnement d’autres personnes et ce depuis une trentaine d’année.

Ses recherches montrent que la guérison du burnout ne se résume pas à « se reposer puis reprendre comme avant ». Elle implique plutôt une transformation profonde de la relation au travail et à soi-même.

Sources :  Diane Bernier  2017, rééd. Accompagner sans s’épuiser : prévention du burnout en relation d’aide.

Diane Bernier considère le burnout comme une crise de valeurs et d’identité et propose une démarche spécifique de prévention et de reconstruction.

La durée de chaque étape n’est pas déterminée car elle est variable d’une personne à l’autre. Considérez que l’ensemble des étapes ci-dessous prend au moins plusieurs mois.

Elle identifie six étapes clés :

1. Reconnaissance du problème
   Accepter que l’on est en burnout est souvent difficile. Beaucoup résistent par peur d’être jugés ou parce qu’ils ont toujours « tenu bon ». La résistance peut durer des semaines et même des mois. L’arrêt devient pourtant inévitable et doit être confirmé par un médecin. La reconnaissance par un professionnel externe aide et fait du bien. Souvent on a besoin de se faire dire ce que l’on sait soi-même.
2. Distanciation des sources de stress
   Cela passe généralement par un retrait du travail (arrêt maladie, congé, démission). Ce n’est pas une vacance, mais une nécessité pour mettre fin à l’épuisement et créer un espace de recul. La culpabilité personnelle peut être un obstacle, parfois aussi les difficultés administratives avec l’employeur et la caisse de sécurité sociale (le burnout n'est pas reconnu comme une maladie).
3. Restauration des capacités
   Retrouver de l’énergie grâce au sommeil, au repos et même aux pleurs. Reprendre contact avec soi-même, avec ses besoins, se rassurer en se rappelant ses réussites passées et en s’appuyant sur l’avis bienveillant de proches ou de thérapeutes. La détente émotionnelle, physique et mentale est nécessaire. Rechercher la notion de plaisir.
4. Questionnement des valeurs
   C’est l’étape charnière, souvent douloureuse. Elle consiste à revoir ses croyances et ses idéaux (perfectionnisme, idéalisme, besoin d’être reconnu). Accepter ses limites, se donner le droit à l’erreur et mettre en avant de nouvelles valeurs : santé, équilibre vie pro/vie perso, plaisir au travail, humanité. Un travail thérapeutique sur la confiance est souvent utile à ce stade.
5. Exploration des possibles
   S’autoriser à tester de nouvelles voies : recherche d’autres emplois, projets à l’essai, découvertes. Cette ouverture permet d’imaginer un futur différent. Cette étape vous fait explorer à nouveau l’extérieur (les étapes précédentes sont plus introspective). Autorisez-vous à essayer de nouvelles choses et/ou manières de faire.
6. Rupture et transformation
   Le burnout marque rarement un retour à l’identique. Il débouche sur un repositionnement : temps partiel, changement de tâches, voire de métier ou de domaine. C’est un nouveau départ, initié d’abord dans la tête, puis concrétisé dans la vie.

Les étapes présentées ci-dessous offrent un cadre général, mais elles doivent toujours être complétées par un accompagnement individualisé auprès d’un thérapeute.

Ne restez pas seul(e), parlez en en toute confidentialité.

Comment soutenir un de vos proches en burnout

Il est toujours délicat d’être confronté au burnout d’un proche, d’un collègue ou d’un membre de sa famille. On se sent souvent démuni : quoi dire, quoi faire, comment soutenir sans brusquer ? L’envie d’aider est là, mais le risque est grand de se sentir impuissant ou de vouloir aller trop vite.

Les pièges courants pour l'entourage sont par exemple le désir de "sauver" à tout prix, de donner des conseils non sollicités, ou de minimiser la souffrance. Cela peut involontairement nuire au processus de guérison.

Voici quelques conseils et réflexions pour accompagner au mieux une personne en burnout, avec respect, patience et bienveillance.

• Prenez soin de vous-même d’abord : Soutenir quelqu’un en burnout a un poids émotionnel et pratique. Pour rester présent et aidant, vous devez aussi préserver votre propre équilibre. Dormez, reposez-vous, gardez vos activités personnelles et n’hésitez pas à chercher du soutien.
• Valider son vécu : reconnaître que ce qu’elle ressent fait sens, sans minimiser ni juger.
• Encourager la prise de distance : soutenir la décision de s’arrêter, sans culpabiliser.
• Offrir une écoute présente : être là, sans chercher à donner des solutions toutes faites.
• Favoriser le rappel des réussites : rappeler à la personne ses compétences et ses forces.
• Respecter son rythme : comprendre que la reconstruction prend du temps.
• Accompagner le changement : soutenir son exploration de nouvelles valeurs et de nouvelles voies.
• Encouragez le recours à un professionnel
  Médecin, psychologue, thérapeute : un accompagnement spécialisé est essentiel pour traverser la crise et se reconstruire.
• Acceptez le temps long
  La guérison prend du temps. Vouloir accélérer le processus peut mettre encore plus de pression. La patience est une forme de soutien.

Poursuivez la réflexion avec la conclusion de cette série de 7 articles qui invite à un futur plus humain.

La qualité de présence dans l’accompagnement

La qualité de présence est une réponse essentielle face à la souffrance d’autrui. Nous ne pouvons ni prendre ni vraiment comprendre la douleur de l’autre : au mieux, nous pouvons l’imaginer de manière imparfaite. C’est pourquoi le véritable cadeau, dans ces moments, est simplement d’être là. Être présent, sans chercher à sauver ni à rassurer à tout prix, mais avec humilité et authenticité. Comme l’écrivait Anne Dufourmantelle dans Éloge du risque, « accueillir nos limites est déjà un acte ».

Cette présence se traduit par de petits gestes justes et ajustés : écouter en silence, observer, offrir un verre d’eau, rester ou s’effacer selon le besoin de l’autre. Elle repose sur l’attention plus que sur les discours, sur la sincérité plutôt que sur la performance. Même si l’on ne peut faire « que très peu », c’est en faisant ce peu du mieux possible que l’on devient réellement utile. La qualité de présence est ainsi un acte d’ouverture, d’honnêteté et de respect, qui donne sens au soutien thérapeutique et humain.